Julien Leblay...
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Jour 34. Barsana - Baie Mare
Vers la douche promise

Un kilomètre après avoir quitté Edward, je suis de nouveau au milieu des voitures. Je m'arrête au monastère de Barsana, classé Unesco lui aussi. De nombreuses églises en bois sont entrées récemment (2004) dans le patrimoine mondial, comme celle de Budesti que je vois un peu plus loin à ma droite. C'est à Budesti justement que débute une longue montée. Montée qui me fait dire que la vallée du Maramures est bien encaissée, et dominée par une belle montagne (promis François, la prochaine montée je pense à toi !!). La montée commence au village. Alors qu'hier le temps était à la fête, il est aujourd'hui au travail. Femmes, hommes, enfants et vieillards sont mobilisés pour le travail. Les hommes ont commencé la fauche tôt, dès 7h00. La faucille coupe l'herbe verte encore couverte de rosée. L'herbe coupée les jours précédents est alors regroupée en gros tas. Les enfants regroupent le foin à l'aide de râteaux, et un adulte monte l'édifice, dressé autour d'un piquet planté dans la terre. Certaines femmes sont à la cueillette, de champignons ou de fruits des bois. Plus loin, deux hommes démantèlent un monticule de foin. Ce dernier est mis dans une charrette et sera transporté ainsi jusqu'à une grange, dans le village.

Au fur et à mesure que je grimpe, le paysage s'ouvre. De vastes prairies s'étendent devant moi. C'est incroyable de savoir que toute cette surface est fauchée à la main. Quelle force de travail incroyable peuple le Maramures ? Un peuple de paysans travailleurs et amoureux de leur terre, cette terre qui les loge et les nourrit.

Encore plus haut, les parcelles de fauche laissent place à des pâturages. Des enfants y gardent des brebis, bien aidés par des chiens colossaux. Enfin, ces pâturages s'effacent devant une forêt de conifères. Et c'est à 1040 mètres d'altitude que je quitte la vallée du Maramures pour basculer sur Cavnic. Les maisons sont en parpaings, crépis en blanc ou gris. Les toits sont en zinc ou en tôle rouillée. La vallée du Maramures est un lieu unique (désolé de me répéter Lucuts !!), je reviens à la réalité.

On peut se poser des questions sur l'avenir de cette vallée. Cet avenir dépend en grande partie de ceux qui le peuplent. Et il est fort à parier que les choses vont évoluer rapidement, car il faut du monde, beaucoup de monde pour faire tout ce travail manuel, traditionnellement. Et beaucoup de jeunes quittent le pays et vont travailler en Italie, Espagne ou Portugal. Il y a donc moins de gens a travailler sur les terres. Parallèlement, la télévision, entre autre, est déjà bien installée, à en croire les paraboles fixées sur les maisons en bois. Cela implique une influence de la société de consommation. Alors les besoins vont augmenter. Les bras seront remplacés par les tracteurs. Tout ce qui pourra être mécanisé le sera. Le reste sera laissé en pâturages. Des granges plus grandes et plus modernes seront construites dans la vallée. Les maisons serviront de maisons secondaires, pour la famille dans un premier temps puis pour des étrangers à la recherche d'authenticité. Le tourisme augmentera, les deux stations de ski (Borsa et plus récentes Cavnic) se développeront. Une fête traditionnelle sera alors crée pour se souvenir du temps passé. Les femmes et les hommes s'habilleront alors pour l'occasion comme ils l'étaient hier, et formeront des monticules de foin devant une foule de touristes campés derrière une barrière en aluminium.

Il est facile de prédire cette évolution car le Maramures ressemble à nos campagnes françaises d'il y a cent ans. L’ Industrialisation les a vidé de plus de 75% de leur population. Les paysans sont aujourd'hui sur équipés et beaucoup de villages déserts l'hiver voient leurs volets s'ouvrir l'été. Ici, l'industrialisation porte le nom d'"Europe" et plus encore, "d'Union Européenne", qui saigne cette campagne de toute sa force vive., facilitant l'expatriation des roumains à la recherche de meilleures conditions, à la recherche de la vie qu'on leur montre à la télévision. Ici comme ailleurs, les enfants envoient des SMS et jouent à la guerre, avant de partir vers ces pays où il se fabrique de si grosses voitures, comme celle que le voisin vient nous montrer chaque été, avec ses belles lunettes de soleil et son tee shirt moulant de grande marque.

Les réponses du questionnaire d'Edward vont également dans ce sens. Les paysans ne voient pas comment ils peuvent garder ce travail artisanal alors qu'ils viennent d'insérer l'UE. Les traditions font parti du passé. L'avenir est dans l'UE me dira M. Pop du Rotary club de Baia Mare. Avant de regagner Baia Mare, je fais un petit détour à l'église de Surdesti. Du haut de ses 74 mètres de haut, il s'agit du plus grand monument en bois de la Roumanie, et de la plus grande église en bois au monde. Elle est elle aussi classée Unesco... Plus loin je croise un polonais à vélo. Nous partageons quelques phrases et une pastèque. Je poursuis ma route jusqu'à l'hôtel Carpati ou le professeur Pop et sa fille Doini m'attendent. M. Pop est le président du Rotary club de Baia Mare et il m'invite pour deux jours ici. De quoi prendre une bonne douche dans un premier temps, sachant que cela fait une semaine que je n'en ai pas pris. Je donnerai mes vêtements à laver à une femme de ménage. Elle grimace, je la comprends et m'en excuse !

M. Pop et Doini me font une petite visite de la ville. En roumain, Mare signifie grand, et baia mine. Nous sommes dans une région minière, industrielle. Toujours dans le département du Maramures, cet espace constitue la partie industrielle, contrastant avec la partie traditionnelle que je viens de traverser. On trouve dans cette région de l'or, du cuivre, du plomb. Une gigantesque cheminée sort de terre et s'élève à 350 mètres d'altitude. plus haute que la tour Eiffel me précise M. Pop. Oui, mais bien moins jolie !

Nous grimpons jusqu'à un monastère en bois pour avoir une vue sur la ville. Il a été construit en 1998, 8 ans après la révolution et la chute du communisme. Le communisme a détruit beaucoup d'églises et a interdit leur construction. Ainsi, tous ceux que nous voyons construits en dur sont généralement construits après 1990. C'est le cas aussi d'églises en bois, comme à Barsana. A Baia Mare, il y a aujourd’hui au moins 3 églises en construction. Pour l'une d'entre elle, les travaux ont commencé il y a 13 ans. Les travaux avancent lentement, suivant l'argent disponible... A côté de cela nous pouvons voir d'autres bâtiments en travaux, qui ne seront jamais terminés. Au mieux ils seront rasés. Il s'agit de bâtiments qui ont été construits pendant le communisme mais qui n'ont pas eu le temps d'être terminés. 17 ans après la révolution, ils sont encore là, intacts. Un bâtiment communisme terminé n'est déjà pas très joli, alors imaginez lorsqu'il ne l'est pas !

Finalement ils m'invitent à manger chez eux. Avant cela petit apéritif avec l'alcool artisanal affichant plus de 50 degrés et fait a partir de prune. Je partagerai donc le repas avec cette famille de Baia Mare avant de regagner mon hôtel.

Le lendemain, journée de repos consacrée a deux interviews pour des journaux locaux et un autre pour une radio. Je passerai le reste de la journée à me reposer et à actualiser le site

Je vais en direction de Timisoara maintenant ou des amis d'une amie m'attendent. J'y resterai 3 jours le temps de faire un peu de tourisme, puis repartirai pour la Serbie et la fin du voyage. Je ne suis pas sur de pouvoir actualiser le site d'ici Timisoara, alors un peu de patience !!


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