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Jour 33. Bistrita - Borsa
Maramures : un autre monde

Ce matin je croise une nombre incalculable de grosses cylindrées immatriculées en Italie. Ce sont des roumains expatriés revenus au Maramures natal pour les vacances. Evidemment ce n'est pas en Italie qu'ils ont mieux appris à conduire et leur présence sur les routes roumaines doit certainement augmenter d'une façon considérable le nombre de morts, à en croire leur conduite irresponsable et dangereuse.

A Moisei, il y a foule. De nombreux roumains, dont beaucoup en habits traditionnels, se déplacent à pied sur une route fermée par la police. Je les suis. Que se passe t-il au bout de cette route ? Je me souviens alors que nous sommes le 15 août, jour de la sainte marie. Ce doit être le même mouvement de foule que celui que j'avais vécu dans la montagne croate l'an passé. Tous se dirigent vers le monastère de Moisei. Ce sont là encore des milliers de personnes qui s'en vont prier, dans ce pays si croyant.

En s'approchant du monastère, nous pouvons voir deux types de mendiants : les grands blessés et les prêtres. Les premiers affichent sans pudeur leurs blessures ; amputation, brûlures atroces, atrophies ou simples cicatrices. Les seconds tiennent dans leur main un petit papier. Ils notent avec sérieux les prières que les généreux donateurs leur demande de faire, en échange de quelques billets. Plus la somme est importante et plus le prêtre y mettra du sérieux, évidemment. Le comble. Lorsqu’un enfant vient demander de l'argent à un prêtre. Non mon fils, sache que l'Eglise ne donne pas d'argent. C'est contre sa religion. Même pas une petite prière pour ce pauvre enfant ?

Le monastère, enfin. Plusieurs en fait, car dans le Maramures, une église en bois est toujours côtoyées par une plus récente en dure. Les gens s'entassent là, s'assoient en famille. Les femmes sont joliment vêtues dans leurs habits traditionnels, les enfants aussi, armés d'armes en plastique achetées sur la route. Quelle est donc cette fête religieuse ou l'on initie les enfants à la guerre ? Après tout, religion et guerre font souvent bon ménage. Les jeunes filles quant à elles sont occupées à envoyer des SMS.

Nous sommes bien dans le Maramures, la région la plus traditionnelle de la Roumanie, qui se fait rattraper à grande vitesse par la société de consommation. Entre modernité et tradition, j'assiste à un somptueux spectacle ce matin, autour de ce monastère en bois. Je redescends et traverse ensuite des petits villages situés au creux d'une vallée. Beaucoup de maisons sont en bois, Le portail est couvert par un petit toit et souvent joliment sculpté. Le banc situé en dehors est lui aussi abrité. Mis a part cela, ils ressemblent fortement aux autres villages vus jusqu'ici, dans leur structure tout du moins. Les toits des maisons sont généralement en tôles ondulées en amiante, parfois en plaquettes de bois, comme la couverture des églises.

Bogdan Voda possède une de ces magnifique église en bois, A son pied un groupe d'enfants s'exerce en choeur à des chants religieux. Il fait chaud cette après midi, alors tous les bancs sont réquisitionnés par les villageois, habillés de leurs vêtements traditionnels en ce jour saint. Ils passent l'après midi ainsi à l'ombre.

Les églises en bois sont incroyablement belles, et beaucoup ont été classées à l'Unesco en 2004. Elles sont majestueuses, parfaitement bien construites. Certaines en bois jusqu'aux clous ! Des oeuvres d'art qui datent pour certaines du 17e siècle, d'autres de seulement 20 années. Je traverse ainsi avec grande sérénité une succession de villages. Sacel, Salistea de Sus, Dragominesti, Bogdan Voda. C'est ici que je décide d'aller me perdre dans le maramures. Il y a trop de voitures sur cette route et l'idée de rejoindre le petit village de Botiza me séduit. Je connais ce village par l'intermédiaire d'un documentaire que j'avais vu lors du festival du Grand Bivouac a Albertville, et c'est pour cela que j'ai voulu découvrir le Maramures.

Se perdre ici est la meilleure chose possible. Des lors je rentre dans un autre monde. Les tas de foins sont partout, sur les moindres morceaux de parcelles. La route serpente le long dune rivière et me permet de découvrir une campagne magnifique. Je suis ému, tant par la beauté que par l'atmosphère qui règne. Il y a ici quelque chose d'impalpable, d'inexplicable, qui vous inonde de joie. Une campagne douce qui vous parle et vous apaise.

Je suis détourné de mon chemin par un panneau annoncent une église classe Unesco. A 6 Km se trouve le village de Poienile Izei et son église en bois datant de 1632. Je m'y rends, suivant les fils électriques. Les poteaux sont neufs. Le Maramures comportait jusqu'il y a peu des villages sans électricité. C'est du passé, tous la reçoivent maintenant.

Ce village est coincé au milieu de douces collines. La encore la tranquillité est de mise. La petite église est encore une fois une pure merveille. Et comme toutes ses congénères une plus grande la côtoient. Mélange des générations.

Je resterai de longues minutes dans ce village. Je le quitte en demandant de l'eau à des villageois assis sur un banc. En plus des gourdes pleines, ils m'offrent leur sourire. Car les gens du Maramures sont souriants. ils me saluent une dernière fois et me font des signes de bienfaisance. C'est par un chemin investi par des footballeurs en herbe que je quitte le village. La pente est raide, je dois pousser. Je me perds alors dans des pensées de bien être, et je ne me rends pas compte que le chemin est plat depuis bien longtemps alors que je continue à marcher à côté de mon vélo. Je croise un paysan gardant deux vaches. Un sourire, une poignée de main, et je remonte sur mon vélo, étourdi par un trop plein d'émotions.

Le chemin ne fait que descendre et n'est que bonheur. Pares sont les endroits ou l'homme n'est qu'un animal parmi d'autres, vivant en symbiose avec son environnement. Le Maramures fait peut être partie de ces endroits. Les hommes ont construits leurs maisons comme les fourmis leurs fourmilières, avec les matériaux trouvés sur place et avec la plus grande discrétion. Ils ont tracés les chemins comme les chevreuils font leur sente. Certes, cela va certainement évoluer mais aujourd'hui, le Maramures est un lieu unique où l'on ressent l'harmonie qu'il existe entre l'homme et la nature. Alors je ne veux pas redescendre. Je veux rester perché sur mon nuage et ne pas retrouver la route principale et son cortège de voitures. C'est donc dans un pré au pied d'un tas de foin que ma course s'arrête, au moment même où le chemin s'efface devant le goudron.

Le riz est prêt. J'entends deux hommes s'entretenir sur le chemin. Je les épie derrière mon tas de foin. L'un s'en va, l'autre reste près de la rivière. Ce dernier est coiffé d'un bob, habille d'un short et portant un sac à dos. Un voyageur. Je m'avance et l'invite à manger avec moi. Edward est anglais et vient ici pour aller à la rencontre des paysans locaux, pour connaître leur opinion sur l'évolution de l'agriculture traditionnelle. Il semble selon ses entretiens qu'elle est vouée à disparaître, rapidement. Edward me transmettra le résultat de son étude, a lire dans le livre donc ! Bref, cette rencontre est complètement insolite. Voilà comment deux voyageurs se retrouvent près d'une rivière au fin fond du Maramures ! Il plante sa tente à côté de la mienne et nous nous enfonçons dans la nuit.


Lire la suite du voyage à vélo : Baia Mare (Maramures)



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