Tour d'Europe vélo moto ; 5433 km pour le don du sang.

Retrouvez le récit de ce voyage à vélo moto dans le livre "Tour d'Europe vélo moto" 152 pages dont 8 de photos couleur. Prix public : 15 euros. DVD également disponible : 8 euros

Deuxième étape : Blesle - Les Vans, 216km.

Le chant du coq du téléphone nous réveille à 6h00. Pas le temps de flemmarder, on a deux bornes à faire ! Après avoir englouti un petit déjeuner costaud, je décolle pour une dure journée. On traverse ce beau pays auvergnat, que l’on va quitter pour plus d’un mois… Etranges sensations. On ne se sent pas encore à 100 % dans le Tour. On est encore chez nous, et à la fois déjà de l’autre côté de la frontière. Je prends le temps d’apprécier ces derniers moments passés dans notre région. Les collègues ne me reconnaîtraient pas. Toute l’année à courir à longueur de journée, et aujourd’hui, enfin, je prends mon temps. Je me surprends même à ne pas pédaler dans les descentes… Prendre son temps. Ca faisait longtemps, c’est trop bon ! On a bossé comme des dingues pendant dix mois, pour monter un projet béton. Ce tour est l’aboutissement d’un gros travail et de nombreux sacrifices, et là ça y est, on y est. Alors on le déguste.

Fabien me rejoint à Villeneuve-d’Allier. Il est 9h30. Première pause après cinquante bornes. Les jambes tournent bien. Fabien est encore fatigué. Avec seulement trois heures de sommeil, et toutes la pression qui s’évacue, c’est on ne peut plus normal.

Un bref ravitaillement et on repart. Les magnifiques gorges de l’Allier nous accompagnent pendant plusieurs kilomètres. Vous pouvez découvrir ces paysages grâce au train touristique. C’est un concept qui se développe de plus en plus dans notre pays, soit sur des voies qui ne sont plus exploitées par la SNCF (comme le train touristique du Gentiane Express, dans les gorges de la Dordogne par exemple), soit sur des voies en passe d’être abandonnées (comme ici). Le surplus de passagers engendré par cette activité touristique devrait contribuer à maintenir en activité cette ligne menacée de fermeture. C’est tout l’enjeu du tourisme en espace rural : créer une activité économique viable permettant de préserver des services minimaux, pour maintenir la population en place, et attirer de nouveaux habitants.

Nous continuons notre itinéraire vers Langeac, où nous rencontrons un cycliste intrigué par notre équipage, puis allons à Saint-Arcons-d’Allier, où le premier problème technique apparaît. Un petit malentendu s’est glissé sur l’itinéraire à suivre, et nous nous sommes perdus de vue. Et forcément dans ces cas-là, le portable ne passe pas, évidemment ! Pour assaisonner le tout, Fabien a été à la limite de la panne d’essence… Mauvaise blague au fin fond de la Haute-Loire ! Finalement, nos chemins se recroisent, après une heure interminable. On s’en tire avec une bonne angoisse. Des détails à régler impérativement avant de se retrouver à l’étranger ! Mais après tout, les campagnes profondes du Massif central ne sont-elles pas pire que les pays de l’Est, en matière de desserte de services ? Nous verrons cela au fil du voyage…

La suite du parcours se déroule sans soucis. Nous laissons derrière nous les routes alti-ligériennes pour gagner celles de la Lozère, magnifique département du Massif Central. Cette petite escapade lozérienne nous permet de tester la fiabilité de nos pneus. S’ils tiennent le coup ici, alors ils peuvent faire le tour du monde ! La traversée se déroule sans crevaison… Ouf. Nous sommes prêts à affronter toutes les routes et chemins ! Le barrage de Naussac nous indique que le parcours touche bientôt à sa fin… Encore soixante kilomètres tout de même. Alors on roule jusqu’à celui de Villefort, beaucoup plus sympathique, à vingt cinq kilomètres seulement de l’arrivée. L’Ardèche est juste là, derrière la montagne ! Le dernier col (le col du mas de l’Ayre) se fait tranquillement, malgré la fatigue (déjà deux cent kilomètres dans les jambes). Je me laisse glisser dans la dernière descente, longue de plus de quinze kilomètres alors que le bruit du moteur du Transalp me berce. Mon estomac me parle durant toute la montée, il s’impatiente. Il me demande de lui offrir un bon plat de pâtes. Celui-ci est en pleine préparation, au restaurant du Domaine des Chênes, où la famille Goblet nous attend de pied ferme. Toute la famille nous accueille, pour l’arrivée de la deuxième étape. Après 216 kilomètres et 9h20 de selle, le repas est on ne peut plus réparateur. Jérémie nous a concocté une magnifique salade, un plat de pâtes à faire jalouser les Italiens et un tiramisu pour caler le tout.

Physiquement, cette étape est plutôt rassurante. J’ai puisé dans les réserves pour les soixante derniers kilomètres, mais cela ne m’inquiète pas. On va rentrer dans le rythme petit à petit. Du côté des tendons (ah, ces tendons…) eh bien ça a l’air d’aller. Ils ne se sont pas trop manifestés, même s’ils chauffaient un peu. A voir demain matin si tout va bien. Si c’est le cas, alors prévoyez le champagne pour le 1er août ! Par contre Fabien s’est foulé le pied gauche en faisant un demi-tour avec la bécane. Mais rien de bien grave. Le temps a été très clément avec nous. Des nuages ont tapissé le ciel toute la journée, ce qui nous a permis d’être au frais. Demain, nous devrons rejoindre Laragne-Montéglin. Mais nous pourrons raccourcir l’étape si la forme n’est pas au rendez-vous.

Etape précédente : Clermont-Ferrand - Blesle                                                   Etape suivante : Les vans - Rémuzat