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Tour d'Europe vélo moto ; 5433 km pour le don du sang.

Retrouvez le récit de ce voyage
à vélo moto dans le livre

"Tour d'Europe vélo moto"


152 pages dont 8 de photos couleur.
Prix public : 15 euros.
DVD également disponible : 8 euros
Tour d'Europe vélo moto. 54300 kilomètres à vélo et moto pour le don du sang

Vingt-sixième étape : Dunekamp - utrecht, 177 km

Nous sommes en Hollande, le royaume du vélo. Le relief est on ne peut plus plat, les maisons en brique sont très belles, les gens aiment les cyclistes et les respectent, il y a des pistes cyclables partout, l'étape est relativement courte... Cela aurait pu être une belle journée...

Vent de face et pluie à volonté sont au programme de la journée. Les grandes lignes droites sont interminables. Le vent nous repousse de tout son souffle. Alors j'appuis sur les pédales comme je peux, regardant désespérément mon compteur qui a du mal à dépasser les 20 km/h... Démoralisant. Et pas moyen de chopper un tracteur ! Ce pays est vert. On ne se croirait pas au mois de juillet. Et savez-vous pourquoi il est vert ? Parce qu'il pleut tout le temps ! La pluie nous arrose toute la journée. A vélo c'est pas super amusant ; en moto, c'est encore pire. Fabien doit rouler très doucement pour rester sur ses deux roues, et il s'est gelé toute la journée à m'attendre. En plus, nous n'avions pas fait la photocopie de la carte. Et comme on est dimanche, tout est fermé... Je suis parti avec quatre noms de villes ou villages à traverser, et j'ai laissé la carte à Fabien. Mais je me suis planté de route assez rapidement. Les pistes cyclables sont géniales. Seulement elles s'interrompent souvent avant un pont ou un grand axe. Et là, c'est le système D ! Aucune indication pour les cyclistes… démerdez-vous. Et pas question de prendre la route normale, qui est interdite aux cyclistes ; tous les automobilistes me klaxonnent et me disent qu'il y a assez de pistes cyclables pour ne pas avoir à emprunter ces routes... Chacun a sa place en Hollande. Du coup, alors que Fabien a fait 40 kilomètres pour rejoindre Rijssen, j'en ai fait le double... La Hollande, le pays du vélo… La traversée des villes est une horreur pour les cyclistes. Je suis rentré trois fois dans Almelo et j'ai tourné pendant 20 kilomètres dans cette fichue ville, pour finalement trouver la bonne route… Galère.

Autre galère. Fabien a laissé tomber la moto à l'arrêt, alors qu'il redémarrait. Il a tapé le casque contre un tuyau et s'est fait mal à l'épaule. Mais rien de bien grave, ça fera juste un bleu en plus, comme souvenir. La moto s'est retrouvée les deux roues en l'air. Impossible de la relever. Deux motards l'ont vu galèrer et se sont arrêtés. Ils ont été surpris du poids de la bécane… quand on vous dit qu'elle est lourde. Finalement ils la remettent sur pied. Il y a juste la poignée de frein qui est tordue et le carénage a un peu dégusté... Tout va bien...

Après 177 kilomètres et 8 heures de bourrinage contre le vent, j'arrive au camping, pas loin d'Utrecht. Je suis bouffé par les crampes. Il a fait froid, il y avait du vent ; on ne pense pas à boire, et voilà ce que ça donne. On se dit qu'on en a enfin terminé avec cette fichue journée, qui doit être la pire depuis le début. On va pour s'installer à notre place de camping ; des jeunes filles se sont installées sur notre place. C'est pas bien grave, on va se mettre à côté. Tant qu'on a l'électricité... L'herbe est bien verte là où on veut poser notre tente. Forcément, elle est nourrie au fumier, qui n'a pas fini de se décomposer. Apparemment, la journée n'est pas terminée. Alors on demande à nos voisines si on peut s'installer à côté d'elles. Après tout, c'est notre place.
- No problem, you're welcome !
C'est sympa, on plante la tente, on enlève les valises et déballe toutes nos affaires. Alors qu'on est enfin posés, une voisine de la bande, qu'on n'avait pas encore vue, nous dit que ça ne va pas, qu'on les dérange. V'là autre chose ! Après des négociations stériles, on déménage. Comment leur expliquer qu'elles sont stupides et qu'elles nous font ch… ? Elles nous aident tout de même à porter les valises à l'autre bout de la parcelle. Eh oui c'est lourd, allez, dépêchez-vous on a envie de se poser ! Finalement là où on se pose il y a aussi du fumier… Nous avons une litière pour dormir...

Après une journée comme celle-là, une bonne bière nous paraît être la bienvenue, sachant que demain, c'est repos. On commande deux grosses bières. On nous sert deux petits verres de vingt centilitres... Ils n'ont pas plus gros. Les pays de l'est et leurs pivos d'un demi-litre nous paraissent alors bien loin. A côté, quatre femmes cinquantenaires rigolent à n'en plus pouvoir. Comment peut-on être autant bourré en vidant des verres aussi petits ? Une d'entre elles s'approche de Fabien et commence à lui caresser l'épaule. Un peu de tenue madame, vous pourriez être notre mère ! Elle lui demande s'il a froid, l'air de dire qu'elle peut le réchauffer. Au revoir madame. On regagne nos tentes avec ça. Aucun doute, il s'agit bien de la pire journée du Tour. Et pourtant ce pays est très beau. Seulement il y a des jours où il vaut mieux rester couché... Demain nous pensons visiter Amsterdam. Mais tout dépendra du temps. S'il pleut comme aujourd'hui, on restera au camping... Pourvu qu'il fasse beau.

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