Julien Leblay...
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Tour des Balkans à vélo : 5300 kilomètres pour le don du sang


Retrouvez le récit de ce voyage
à vélo dans les Balkans
dans le livre

"Ballade cyclobalkanique"


244 pages dont 10 de photos couleur.
Prix public : 15 euros.
Ballade cyclobalkanique. 5300 kilomètres à vélo pour le don du sang

Vingt-septième étape : Mostar - Mostar, 115 km - La Bosnie me fait peur...


Je suis arrivé une journée en avance à Mostar. Je décide alors d'aller faire un tour aux cascades de Kravica (Vodopad Kravica), sur la rivière Trebizat. Sur la route, je traverse le petit village de Medugorje. Sur ma carte, un simple village. Mais sur place... Ce sont de nombreux commerces qui m'accueillent à la droite de la route. Pourquoi tant de business ici, en rase campagne ? En regardant de plus près, j'y vois plein de statues à l'effigie d'une dame bien connue de tous : la Vierge marie. Me voilà dans le Lourdes Bosnien ! Voyant mon vélo, un homme m'interpelle. - D'ou viens tu ?
- De France
- Ah ! Je viens d'Allemagne !
- À vélo aussi ?
- Comment ? Tu es venu à vélo jusqu'ici ?
- ...

J'en profite pour lui demander ce qu'il se passe ici. Il me regarde alors avec de grands yeux émerveillés et m'explique. Ici, chaque jour, trois bosniens voient la vierge Marie leur parler. Cela fait plus de 20 ans que ça dure. Eh bien, ils doivent en avoir des choses à se dire ! Alors depuis, ici sont célébrées des messes en toutes langues (allemand, polonais, italien, anglais...) pour tous les chrétiens qui espèrent, eux aussi, voir la Vierge Marie. Etant athée très pratiquant, je ne crois pas en toutes ces sornettes. Ma version est la suivante. Nous sommes dans la région de Bosnie où se produit le meilleur vin. Ces trois jeunes gens ont tout simplement un peu abuse de la bouteille et ont vu la vierge comme moi je pourrai voir un arbre traverser la route après plusieurs pivo. En tous les cas ils ont réussi à allier une passion (l'alcool) avec une activité économique florissante (le tourisme religieux). Et pourtant, on dit que alcool et foi ne font pas bon ménage... Il y a des exceptions !

Alors, pour vendre mon livre, je vais vous dire que moi aussi j'ai vu la vierge. Si si, je vous promet. Et à jeun en plus ! J'étais sur mon Cézallier en train de pédaler entre monts et collines. Et puis elle m'est apparue et m'a lance un mètres clair :
- Vas voir à Medugorge si j'y suis !
Alors me voila ici. Eh bien ma foi, je la vois, la Vierge. Impossible de la louper, elle est partout, étalée dans les vitrines des dizaines de "Vierge Mary's shop". En statues (petite, moyenne, grande taille, céramique, bronze, argent ou or), en tasse (café thé ou chocolat ?), en blanc, bleu jaune ou noir, en médaillons, bracelets, plateau à fromage ou assiettes. En carte postale pour nos amis les plus chers, en aimant pour notre frigo. En stylos, porte clefs, fiole pour parfum, casquettes et tee-shirt (grands classiques), coffrets pour bijoux, parapluie ou cannes (car on ne fait pas de miracles ici)... Bref, en tout et n'importe quoi. Le principal étant de faire du chiffre, sur le dos de la naïveté de ces pauvres chrétiens Ce genre d'endroit m'attriste. L'Eglise s'est toujours enrichie sur le dos des pauvres gens, à l'image de ces cures rendus gras par l'oisiveté et la paresse. Ici, soi disant trois illuminés ont vu la vierge. Depuis des dizaines de commerces vident les poches des chrétiens. Sans compter les agences de voyages qui organisent les excursions de touristes venant du monde entier.

Je quitte ce lieu de désolation spirituelle pour un esprit comme le miens, pour un lieu auquel je m'accommoderais bien mieux, les cascades de Kravica ! Apres être perdu dans les petites routes, j'y arrive enfin. Magnifique. Les lacs de Plitviska (en Croatie, que je revisiterai dans quelques jours), en miniature. A cet endroit, la rivière est brutalement coupée par un effondrement de terrain. Une chute de plus de vingt mètres de haut. L'eau arrive en plusieurs cascades dans une petite cuvette naturelle. La température de l'eau est agréable, on peut s'y baigner. Un petit coin paisible car peu connu et mal indiqué (bien moins que Medigorge). J'y resterai deux heures avant de repartir pour Mostar. Les nuages tapissent enfin le ciel. il fait frais. La route est mouillée, je passe après l'orage.

Les 40 kilomètres qui me séparent de Mostar me fait prendre conscience de la dangerosité de ce pays. Les gens me doublent n'importe comment et ne semblent pas être content de ma présence ici. Je me fais le plus petit possible sur cette petite route. Je passe mon temps à regarder dans mon rétroviseur. Les voitures arrivent vite, très vite. En face aussi. Il va ralentir. Non, pensez vous, faut que ça passe comme ça ! C'est passe. Ouf ! Voiture suivante, même refrain. Plus loin, personne en face. Une voiture arrive derrière moi à pleine vitesse. La demoiselle au volant ne va pas faire l'effort de se déporter sur la gauche alors qu'elle a un boulevard. Elle me double en me frôlant et en me klaxonnant. La, c'est une auto école qui fait de même Je comprends mieux. Si c'est comme ça qu'on leur apprend à conduire... Et lui, c'est un jeune homme qui me coupe la route. Je freine des 4 patins. C'est de ma faute, je ne suis qu'un cycliste. Et dans ce pays, il n'y a pas de cyclistes. Ont ils déjà été tous tues ou ne sont ils pas assez courageux pour se lancer sur ces routes de la mort ? Les bosniens n'ont pas l'habitude de cohabiter avec les Berengère Soit. Alors posons le vélo et observons. Ce motard roule en rase campagne à vive allure sur une moto sportive. Son passager n'a pas de casque... Cette femme sur la place du passager porte sur ses genoux sa petite fille à peine âgée de 10 ans. C'est dommage, elle est pourtant très mignonne. Elle n'aura peut-être pas la chance de pouvoir passer le permis de conduire... Un autre déboule de la station service juste devant une voiture. Crissements de pneus. Cette fois-ci c'est passe. Et la prochaine fois ?

Les bosniens que je vois la ne respectent rien, à l'image de ces ralentisseurs en résine, démontés par les automobilistes. Pourquoi ralentir dans une zone limitée à 40 ? Vite vite, se suicider ou tuer son prochain. Vite vite, donne moi les clefs. Et toi cycliste, dégage de mon chemin, t'as rien à faire la ! Je pensais que dans ce pays ils avaient assez vu la mort pour ne plus en entendre parler. Mais la mort se lit sur toutes les routes, avec ces plaques commémoratives et ces bouquets de fleurs. Ils avaient 23 ans, 69 ans, 17 ans ou 5 ans. Ils sont morts en 1987, 2003, 1998 ou 2005. Mais alors, ceux la ne sont pas morts de la guerre ? Non, ils sont morts de leur irresponsabilité et incivilité, ou de celles de leurs concitoyens. Ce pays est en ruine. Il a perdu des dizaines de milliers de personnes durant la guerre. Et aujourd'hui il continue le massacre en ne respectant aucune règle de conduite, en ne respectant ni ses amis ni ses enfants ni personne.

Beaucoup de personnes me demandent avant mes voyages si je n'ai pas peur. Je réponds toujours que non. Pourquoi avoir peur ? Avoir peur de quoi ? Mais cette fois-ci, je réponds que oui. Oui, j'ai peur. Les bosniens me font peur car ce sont des personnes dangereuses. Ils ont l'énorme pouvoir de décider de ma vie ou de ma mort et n'ont pas conscience de ma vulnérabilité, ni de la leur d'ailleurs. Peu de voitures ralentissent, beaucoup me frôlent en klaxonnant. J'ai peur, ces gens me font peur. Je n'ai qu'une envie maintenant, quitter ce pays. Alors termine pour moi les grands gestes amicaux aux papis assis dans les cafés. Terminés les sourires aux enfants jouant dans la cour et me regardant avec des grands yeux. J'ai le profile bas. Je me concentre sur la route et mon rétroviseur Mes mains se crispent sur mon guidon, retenant à la fois de la haine et de le tristesse envers ce peuple que l'on devrait pourtant aimer, après toutes les souffrances qu'il a enduré. Mais la c'est moi qui souffre et je ne les aime pas pour cela.

Vous pouvez croire que j'exagère. Alors lisez simplement le récit étape que Bérengère a écrit dans le forum lorsqu'elle m'a quitté à Pozega, en Croatie. Et chaque fois qu'elle m'envoie un mail ou SMS, elle me dit qu'elle a encore manqué de se faire réduire en miette par des bosniens. Dans une de nos discussions, Céline me disait qu'elle souhaiterait que la Commission Européenne fasse une exception pour la Bosnie et l'intègre à l'Union Européenne, même si ce pays n'a pas encore les critères économiques suffisants. Mon avis est complètement opposé au sien. Je ne veux pas de ces gens la dans l'UE. Car l'UE c'est aussi avoir les mêmes valeurs, et notamment celles du respect de soi et des autres. Et de ce point de vue là, les bosniens sont à des années lumières de nous. Et je n'ai pas envie de me faire tuer par un bosnien sur les routes de France. Nous avons assez de nos mauvais conducteurs pour ne pas avoir à en rajouter des pires. Que les bosniens soient plus respectueux et alors après, pourquoi pas... Et dans ce cas ne me parlez pas de croates, de serbes, de musulmans chrétiens ou orthodoxes. Aucune différence. Pour moi, sur la route, un bosnien est un bosnien, c'est à dire un potentiel assassin.

C'est bien la première fois que j'ai ce discours, qui peut paraître très violent. Bérengère doit me retrouver demain à Mostar et roulera maintenant avec moi pour la plupart des étapes en Bosnie. Si elle ne m'accompagnerait pas, j'aurai tourne les talons en direction de la Croatie. Pourquoi rester dans un pays où on est si mal accueilli ? Je n'ai pas de plaisir à pédaler ici. Je ne vois rien de la Bosnie car mon esprit est occupé par des préoccupations vitales, de l'ordre de la survie. Mais j'espère que Berengère me donnera de l'énergie et saura me faire partager l'amour qu'elle a pour ce pays. J'ai encore une semaine pour changer d'avis, sait on jamais...

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