Tour d'Europe vélo moto ; 5433 km pour le don du sang.

Retrouvez le récit de ce voyage à vélo moto dans le livre "Tour d'Europe vélo moto" 152 pages dont 8 de photos couleur. Prix public : 15 euros. DVD également disponible : 8 euros

Vingt et unième étape : Strzelce Opolskie - Wroclaw, 135 km.

Nous quittons le camping vers 10h00, après une très mauvaise nuit, malgré le petit goût de mirabelle. En plus d'être sale et imprononçable, ce camping se situe juste à côté de la nationale et d'un bar. Ils ont foutu le bordel jusqu'à 4h00 du mat', avec une baston en prime… Bris de glace, cris et échanges de coups au programme… Bizarrement, au matin, tout le monde déserte ce lieu de non-repos. Il s'agit d'un endroit où on vient par hasard et par erreur ; pas question d'y passer une deuxième nuit. Au revoir et à jamais.

Nous nous dirigeons en direction d'Opole. Au bout de quelques kilomètres, je double un cycliste. Il prend ma roue et on se relaye. Apparemment il veut jouer au costaud. On file à 40 km/h jusqu'à Opole. Un peu avant cette ville, il tourne à droite et me quitte… il était temps, j'ai les jambes en feu !

Nous continuons notre route en direction d'Olawa. Rien de bien transcendant dans cette plaine. Kuba, notre hôte à Wroclaw, nous envoie un message pour nous indiquer la route.
- Faites Olawa, Gaj Olawski, Marszowice, Piskorzow, Nowy Sleszow, Wegry, Bogunow, Zerniki Wielki, Zorawina, Skukalice, Komorowice, Karwiany, Wysoka.
Avec ça ! Le temps pour nous de retrouver ces jolis noms sur la carte, et on repart. Nous avons hâte de rencontrer Kuba. Cela fait deux mois qu'il prépare notre arrivée à Wroclaw… Nous le retrouvons à 16h00, après 135 kilomètres et 5h10 minutes. Kuba a été appelé par le Rotary Club de Wroclaw pour préparer notre arrivée. Il est étudiant en quatrième année d'économie et il est très actif dans une association chargée de développer le vélo à Wroclaw (comme " vélo cité 63 " à Clermont-Ferrand). Y'a du boulot ! Nous faisons connaissance avec ce sympathique jeune homme, avec qui nous n'avions communiqué jusque-là que par mail. Nous nous ravitaillons puis allons visiter une partie de Wroclaw... à vélo ! Il nous prête deux montures qui nous changent du Transalp et de l'Orbea. On se fait une petite virée sympathique dans cette ville très agréable. Puis nous retrouvons ses amis dans une soirée d'ouverture d'un congrès d'architecture. Sont présents de nombreux Allemands et Hollandais. L'occasion de rencontrer des jeunes Européens, et de parler de notre Tour d'Europe.

Pour la journée de repos, nous avons de quoi nous occuper. Une collecte de sang est prévue sur la place centrale de Wroclaw. Les médias sont prévenus de notre passage… La collecte de sang se déroulera de 11h00 à 16h00. Nous y sommes à 10h30, pour rencontrer les journalistes. Nous sommes attendus par la presse nationale (gazeta wyborcza) et locale (slowo polskie), la radio nationale (Tok fm), la télévision nationale (TVP) et locale (TEDE), ainsi que quatre ou cinq journalistes qui prennent des notes et des photos. C'est trop fort !
- Vous pourriez vous mettre comme ça, faire ceci, vous placer ici.
- Attendez, on finit de répondre aux questions ici et on arrive .
- Deux secondes pour la photo, on est filmé tout de suite...
Kuba nous sert d'interprète. Après une bonne heure de questions-réponses, on n'a plus de salive. C'est bon, les derniers journalistes sont partis. On marche autour de la place pour distribuer les prospectus… Un cameraman et une journaliste se cachaient dans une rue. Une dernière interview pour la route...

Le centre de don du sang n'a pas pu organiser la collecte sur la place même. Alors ils ont planté deux tentes et deux enceintes pour inviter les gens à grimper dans une navette qui les conduisent au centre de don du sang. En été, environ quarante personnes donnent leur sang dans une journée à Wroclaw. Aujourd'hui, plus de 200 personnes se sont déplacées au centre, avec ou sans la navette, et 160 personnes ont été prélevées… On dirait que le message est passé ! Malheureusement, seules les personnes ayant pris la navette ont signé notre drapeau, ce qui représente 26 signatures. Fabien et moi sommes restés sur la place, et n'étions pas là pour surveiller le drapeau... Ce dernier est resté dans la navette, et n'est pas allé jusque dans les murs du centre. Dommage.

Kacha, une étudiante polonaise ayant passé son année à Clermont, nous fait la bonne surprise de venir ! Quel beau bronzage : elle arrive tout juste de notre belle Auvergne ! Repars vite en France avant de redevenir toute blanche ! Elle ne peut pas donner son sang aujourd'hui, puisqu'elle l'avait fait à Clermont lors de la première collecte organisée pour ce Tour. C'est la seule représentante de toutes les étudiantes polonaises que nous connaissons. Les autres (Rénia, Justyna, Gabricha…) sont encore en France. Dès que l'on vient dans notre pays, on n'a plus envie de le quitter apparemment !

Kuba a fait un boulot énorme, ainsi que le centre de don du sang et l'association des donneurs bénévoles. Nous les remercions de tout cœur pour cette journée, qui était très importante, pour eux comme pour nous. Cette journée à Wroclaw a été un succès. Cela montre que les personnes sont prêtes à donner, et qu'il s'agit juste de trouver les bons mots pour qu'ils se déplacent plus facilement. Merci donc aussi à tous ces donneurs, qui se sont déplacés massivement pour notre passage dans leur ville. Nous espérons que cette réussite va s'étaler sur du moyen ou long terme, avec les différents reportages et articles dans les médias locaux et nationaux. Affaire à suivre...

Le temps étant très lourd à Wroclaw (va pleuvoir ou va pas pleuvoir ?), nous rentrons chez Kuba (après avoir actualisé le site), pour nous reposer et nous préparer pour l'étape suivante. On allume la télé à 21h00, histoire de s'y voir. C'est marrant de se voir sur une télé étrangère, on ne comprend rien à ce qu'on dit ! Kuba nous traduit les reportages. Ça va, le message est bien passé.

Comme nous sommes avec un autochtone, nous lui posons une question qui taraude tout indigène français : Y a-t-il des ours en Pologne ? En effet, nous avons ce stéréotype de la Pologne : " attention danger, ours en cavale ! ". Alors forcément, ça fait sourire nos amis orientaux, qui, avant de rencontrer des Français, n'ont pas l'impression de vivre au pays des grizzlis. Alors on se rattrape en leur disant qu'on fait référence aux autochtones, que l'on voit rustres et sauvages. Mais en se rendant en Pologne, on rencontre des gens très accueillants, chaleureux et on ne peut plus… humains ! Mais alors, les ours en Pologne, mythe ou réalité ?

En souriant, Kuba nous répond qu'en effet, il y en a bien quelques uns. Vous pouvez en croiser dans les Tatras (Carpates) et les Bieszczady. Au total, on n'en comptait pas plus d'une centaine au début du nouveau millénaire, (en l'année 2 000), alors que 50 000 ours bruns peuplent l'Europe. La Russie en dénombre à elle seule 36 000 (soit plus de 70 % des effectifs européens ). Suivent les Carpates roumaines avec plus de 6 000 ours. La Pologne n'est donc pas le pays des ours comme on le croit.

Dorénavant vous vous rendrez en Pologne avec une autre vision, et beaucoup moins d'appréhension. Vous pouvez aller pisser tranquillement derrière un sapin des Tatras, sans craindre de vous faire croquer par le terrible prédateur de ces contrées mystérieuses… Et le Polonais, en vous accueillant avec la slivovitsa, n'a rien d'un ours non plus ! Rendez-vous dans ce magnifique pays, royaume des jolies filles et de la bonne bière ! (vu comme ça, c'est beaucoup mieux, forcément). Prévoyez juste une bonne polaire (faite en peau d'ours, pourquoi pas...), car ça, c'est pas un mythe : il y fait froid ! Et l'eau de vie locale ne suffit pas à vous maintenir à bonne température.

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