Julien Leblay...
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Amérique latine à vélo : 11 000 kilomètres pour le don du sang


Retrouvez le récit de ce voyage
à vélo en Amérique du sud
dans le livre

"Cap sur Ushuaia"


304 pages dont 16 de photos couleur.
Prix public : 18 euros.
Cap sur Ushuaia. Voyage à vélo en Amérique latine

Bolivie : Route de la mort (La Paz)


Coroico, qu'y a t-il derrière ce nom à connotation française ? Rien de spécial en réalité. En revanche la route pour s'y rendre est exceptionnelle. Elle débute réellement au col de la Cumbre, à 4700 mètres. De là commence une longue descente qui s’arrêtera 70 kilomètres plus bas. Si les 30 premiers kilomètres sont goudronnés, les 30 autres ne le sont pas. Et ceux là constituent la route la plus dangereuse au monde. En effet, cette portion de route porte le nom coquet et peu convoité de "route de la mort". En moyenne 26 véhicules basculent dans le ravin chaque année. La route est très étroite, 3,2 mètres de large par endroits. Avant 2003 il n'y avait que cette route ci et le trafic était important. Le plus gros accident fut celui d'un bus, tuant plus de cent personnes. Aujourd’hui elle est beaucoup moins utilisée car une route sur l'autre versant a été ouverte. La majorité des personnes venant ici sont des touristes à vélo. Je suivrai alors un groupe de gringos en VTT sur équipés : casque haute technologie, suspensions dernier cris, protections en tous genres. Avec ma casquette et ma grosse Teresa bien chargée je ne fais pas le poids !

Il me faut donc monter à La Cumbre. En quittant la ville, je vois une femme vidant son sac poubelle sur le bord de la route. Plus tard des personnes chargées des ordures passeront les ramasser. La Paz peut paraître une ville propre. Mais comme Arequipa, il n'y a pas de poubelle. Des gens sont chargés de ramasser les ordures à même le sol, armés de gants et de balais de paille. Et où vont ces ordures ? La réponse nous avait été donnée à Arequipa, lorsqu'au pied du Misti nous avions pu voir avec Gaël, Yves et Olivier une quantité inimaginable de sacs plastiques volant au gré du vent. La ville est propre, mais les alentours récoltent tous les méfaits de la société de consommation.

Au sommet les cars déposent les touristes. Le grand frisson peut commencer. "Rock'n roll !" lance un guide pour motiver ses troupes. Les premiers kilomètres, goudronnés donc, se font dans une vallée glaciaire aux dimensions impressionnantes. Puis la vallée se resserre en une vallée en V tout aussi gigantesque. 32 kilomètres de frénésie a peine coupée par une petite montée. Puis vient la route non goudronnée, celle que tout le monde attend. Nous n' avons d'autre choix que de l'emprunter car l'autre route est interdite aux cyclistes, pour notre plus grand bonheur ! Cette route est pour moi un rêve. Depuis que je sais que je vais à La Paz je veux emprunter cette route de légende, cette route qui a fait couler tant d'encre et de larmes. Un panneau nous demande de rouler à gauche. En effet, ceux qui descendent doivent rouler du coté du ravin. Cela permet aux conducteurs de voir a combien de centimètres du gouffre se situe leur roue lors de croisement avec d'autres véhicules. Dès les premiers virages la route se fait étroite, très étroite. Ce n'est pas une légende. Le gouffre est impressionnant et à pic. Nous n'avons pas le droit à l'erreur, la sanction serait dramatique. Le moindre faux mouvement, le moindre écart et c’est la mort assurée. Ainsi en est-il de cette route qui tient à sa réputation. Les croix jalonnent le parcours : 1993, 2003, 2006. Certains accidents mortels ont donc eu lieu après que la route parallèle ai été ouverte. La route serpente à flanc de ravin, sinueux et étroit au possible. Je la descends attentivement, rattrapant ou suivant un groupe de touristes cosmopolites. Parfois je m'attarde a certaines croix et ose regarder le ravin qu'elles signalent. Quelle mort atroce pour les personnes ayant basculées ici. Des frissons me parcourent le corps.

En Nouvelle-Zélande j'avais comparé la route de Motu a cette route là, ou du moins ce qu’elle représentait dans mon imaginaire. Il y a certes une similitude. La route est non goudronnée, le gouffre est de taille, la végétation est luxuriante (j’ai d’ailleurs retrouvé ici la fougère arborescente). Mais la comparaison s’arrête lorsque l'on s'attarde sur toutes ces croix, lorsque l'on porte notre regard au loin, là où la route ne cesse de descendre, ou lorsqu'on le porte en bas ou notre oeil ne peut discerner le fond. Enfin l’étroitesse de cette route est tout a fait unique, et c'est pour cela qu'il s'agit de la route la plus dangereuse au monde, la route de la mort. Alors en réalité aucune route ne peut être comparée a celle ci, et la descendre ainsi à vélo est un moment fort en émotion et en frisson. Que cette journée est exceptionnelle !

Après 2 heures d'une descente interminable nous arrivons finalement à Yolosa, à 1185 mètres d'altitude. 3600 mètres ont été dévalés en 65 kilomètres. (Si quelqu’un pouvait nous calculer le pourcentage de la pente. A vos hypoténuses !). Alors que le sommet était embrumé et froid, ici il fait chaud et humide. Nous sommes dans la partie tropicale de la Bolivie. Je discute plus amplement avec Christine et Nicolas, un charmant couple franco belge qui a fait la descente avec le groupe que je suivais. Je négocie avec leur chauffeur la remontée jusqu’à La Cumbre. Les 40 bolivianos sont négociés à 25. Je dois cependant attendre encore deux heures le temps que tout le monde se douche à Coroico. Je reste alors en bas, me prépare des pâtes pour reprendre des forces et discute avec les gens qui attendent ici comme moi un bus pour La Paz. Une femme me demande comment était la route - Fantastique ! Lui répondis je. - Fantastique ? C'est une terreur cette route ! En effet, elle est fantastique pour celui qui la parcours à vélo pour son plaisir. Elle devient une terreur lorsque l’on doit la prendre par obligation, sachant pertinemment que l’on peut y perdre la vie. Cette femme a certainement du voir partir trop souvent son mari ou ses enfants avec la peur de ne pas les voir revenir. Peut être y a t-elle d’ailleurs perdu des aïeux ou des amis. Mais aujourd’hui cette route n’est plus beaucoup utilisée. Mais le mal est fait. Pour les anciens usagers cette route restera toujours comme une terreur.

Maly, Andreas et Ane sont trois danois ayant effectués eux aussi la descente. Nous avions discuté un moment lors d’une pose déjeuner. Ils m'invitent à monter dans leur bus. Eux ont fait appel à une petite agence de voyage et ont leur car privé. Me voilà embarqué avec eux pour remonter à La Cumbre. La route est bien différente de celle que nous avons descendu. Plus large, bien goudronnée, elle est tout à fait sécurisante. La pente est raide et va durer 75 kilomètres. Il nous faudra deux heures. Andreas travaille à l’ambassade du Danemark à La Paz depuis un an et demi. Nous parlons alors de cette route de la mort. Selon lui le gouvernement ne va plus l'entretenir du fait de l'ouverture de la nouvelle route. Et les agences de voyages ne vont pas non plus dépenser de l’argent dans le maintien de cette légende. Alors d'ici une dizaine d'années elle risque de fermer, naturellement bloquée par des chutes de pierres et de terre. Ce serait pourtant le rôle du tourisme que de maintenir en l'état cette route exceptionnelle. Dans la montée a La Cumbre, ce sont plus de 15 camionnettes chargées de vélos qui m'ont doublé, ce qui correspond a plus de 100 cyclistes. D'autres arrivaient encore lorsque j’ai débuté la descente. Et a 50 ou 70 dollars la descente, cette route représente un site touristique majeur du Pérou, facilité par la proximité avec La Paz. Peut être aussi que des organisations comme l'Unesco pourraient intervenir pour que cette route ne soit pas laissée a l'abandon. Elle a plongé des familles et des villages entiers dans la tristesse et le désespoir, la peur et la douleur. Mais mon sentiment est qu’elle doit toujours exister, car elle est unique au monde et permet de plonger au coeur de la Bolivie, de découvrir une partie de ce pays, à savoir sa forêt qui représente tout de même 50% de la surface du pays. Et puis ces croix méritent le souvenir, elles ne doivent pas tomber dans l’oubli...

La Cumbre. Il est 18h00, il fait froid. Natalio est le garde du parc national qui débute ici. Il me propose de dormir dans le refuge. Je décide de planter la tente, or cette journée m'a terriblement marqué et je veux être seul pour digérer ces 60 kilomètres de descente et tout ce qu'ils représentent. Alors après avoir apprécié le coucher de soleil je me glisserai dans mon duvet. Des cauchemars vont hanter ma nuit. Je me vois basculer dans le ravin avec mes sacoches. Avant de descendre, un guide m'avait mis en garde. Un des derniers morts fut un cyclovoyageur comme moi qui a perdu le controle de sa bicyclette. La route de la mort sévit encore. C'est une légende encore bien vivante...

La Paz, me voilà de retour. J’ai donné rendez vous à Christine et Nicolas (les deux VTtistes rencontrés la veille) à l’hôtel "Plaza" affichant 5 étoiles. Il propose un buffet a volonté pour 50 bolivianos, de quoi revivifier un cyclovoyageur. Le buffet est gigantesque et aguichant. Il faut jouer tactique. Manger peu mais de tout, et surtout laisser de la place pour le dessert... Ils m'accompagnent pour le début du festin constitué de trois entrées et un plat principal. Rassasiés, ils m'abandonnent car doivent profiter plus amplement de leur dernier jour de vacances. Ils me laissent seul a mon sort. Je reprendrai encore deux plats principaux. Poulet, poisson, ratatouille, pâtes. Le troisième plat avalé, je me dirige avec envie vers les gâteaux. Je commencerai par en goûter deux. Chocolat, vanille, kiwis, succulent ! Je fais une pose pour manger une salade de fruit. C'est là que le drame intervient. Je cale. Je suis plein, à craquer. Des sueurs froides parcourent ma tempe. J’ai trop mangé. Je dois me faire une raison, je ne pourrai pas goûter aux deux autres gâteaux. A quelques pas de l’arrivée j’ai échoué, la défaite est cruelle.

C’est avec difficulté que je reprendrai les rênes de Teresa. Quelques mètres plus loin je m’arrêterai sur un banc public et resterai ici plus d’une heure sans pouvoir bouger. Ce buffet est vraiment exceptionnel !

Pouvant me relever, je m’en vais appeler le Rotary club. Ils vont m’accueillir pour les 3 prochaines nuits ici. Est prévue une très forte communication pour le don du sang, bien plus importante qu’au Pérou. A bientôt pour de nouvelles aventures !

PS. Vous pouvez voir l’itinéraire prévu en Bolivie sur http://j.leblay.free.fr/bolivie.html. A savoir que deux petits changements vont être opérés. Je ne passerai pas par Oruro mais irai directement vers la frontière avec le Chili. Là, je n’irai pas au Chili mais me dirigerai directement vers le Salar de Uyuni.


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