Tour d'Europe vélo moto ; 5433 km pour le don du sang.

Retrouvez le récit de ce voyage à vélo moto dans le livre "Tour d'Europe vélo moto" 152 pages dont 8 de photos couleur. Prix public : 15 euros. DVD également disponible : 8 euros

Dix-septième étape : Trencin - Liptovska, 187 km.

Pour la 17ème étape de notre périple, nous rejoignons les Tatras. Je me lève à 6h00 pour pouvoir faire une grosse étape. Après une bon petit déjeuner préparé par Gabriela, je quitte Trencin et notre charmante hôtesse aux alentours de 7h00. Fabien est encore sous l'effet de la slivovica et dort profondément. Hier, nous nous étions dit que nous nous retrouverions à Bytca, à cinquante kilomètres du départ. Finalement il me rejoint à Zilina, à soixante dix kilomètres. Elle fait quand même 52° cette slivovica !

Nous remontons depuis ce matin la petite rivière de " Vah ", qui prend sa source dans les petites Tatras. Nous avons voulu prendre les petites routes qui longent la nationale 61. Mais quelques kilomètres après Zilina, nous débouchons sur un cul de sac. Nous ne l'avions pas vu sur la carte. Il existe un pont pour les piétons, qui permet de traverser la rivière et de rejoindre la nationale. Je l'emprunte. Fabien, quand à lui, monte sur un bac pour me rejoindre. On trouve toujours une solution ! On vous fait traverser la rivière pour trente couronnes (0,75 euros) dans un bac aiguillé à la manivelle.

Nous continuons notre remontée du Vah sur la nationale, jusqu'à Martin, dans un cadre magnifique. Les montagnes s'élèvent peu à peu au dessus de nous ; nous suivons la rivière et ses méandres. Et là on se rend compte que les Slovaques roulent comme des tarés. C'est pour le moment le pire que nous ayons vu. On nous avait promis une conduite dangereuse des Slovènes sous l'emprise du pivo, nous avions trouvé qu'ils roulaient plutôt sagement. Mais sur cette nationale slovaque, la peur nous gagne. La route est assez large. Souvent des personnes doublent alors que quelqu'un arrive en face. Tout le monde se sert et ça passe à trois de front. Il y a même de la place pour le cycliste, entre la barrière de sécurité et le bitume ; sur l'herbe quoi ! Fabien a eu le plus de frayeurs. Il prend de la place sur la route et ne roule qu'à 70-80 km/h. Il s'est souvent fait doubler dans des conditions fort dangereuses.

Nous quittons rapidement cette nationale pour retrouver les petites routes. Nous empruntons encore des chemins caillouteux. Pire. Fabien était parti devant pour installer la tente. Je n'ai que les photocopies des cartes ; les petites routes ne sont pas très lisibles. Je me retrouve perché dans un cul de sac, encore une fois. J'ai la flemme de faire demi-tour. Du coup j'emprunte une petite trotte à travers les champs qui me paraît aller dans la bonne direction. Une portion de cyclo cross en fin de parcours pour éliminer les toxines, il n'y a rien de mieux ! Mais ce chemin atterri dans les bois. Je me retrouve avec mon vélo sur les épaules au milieu des pins, des ramasseurs de champignons et des chevreuils ! Par chance, mon sens de l'orientation ne reste pas accroché à une branche et je retrouve la bonne route. Lorsque je regagne le bitume, des cyclistes me regardent bizarrement : un mec avec un vélo sortant des bois, ça surprend. J'ai encore des branches coincées dans les roues. Le temps de les enlever, et je repars. On aura tout vu pendant ce Tour !

A quinze kilomètres du camping, je connais la première fringale depuis le départ. Une fringale, pour ceux qui ne savent pas, c'est quand tu dis à tes jambes de pédaler, mais qu'elles ne veulent rien savoir et qu'elles n'en font qu'à leur tête. J'ai beau leur expliquer qu'elles vont bientôt se reposer et qu'elles vont être pépères jusqu'au lendemain, rien à faire. Les longues négociations restent stériles. Grosse défaillance, dans une partie très casse-pattes. Je n'ai rien pour m'alimenter ; Fabien a tout dans les sacoches… au camping ! Alors je termine l'étape comme je peux. Après 187 kilomètres et 7 heures 40 minutes de vélo, j'arrive au camping près du lac de Liptovska. Fabien a installé la tente. Ce camping est convivial. Tout le monde est dans un grand pré, sans limite de place comme ailleurs. Le cadre est très sympa, avec le lac et les montagnes. Nous n'avons pas pris beaucoup de photos. Fabien était pressé de rentrer car il a très mal au derrière, au dos et à une épaule ; quand à moi, je n'avais qu'une envie, me ravitailler !

Nous avons quitté les paysages de plaine pour regagner ceux de la montagne. Les Tatras sont des petites montagnes, culminant aux alentours de 2 700 mètres d'altitude. Malgré tout, ce paysage est une fois de plus marqué par le communisme. Dès que les villages sont un peu importants (200 habitants), nous retrouvons ces barres carrées. Les maisons sont parfaitement bien alignées et sur le même modèle. Ambiance bizarre...

En Slovénie, nous vous avions parlé de grandes échelles en bois pour stocker le foin dehors. Ici, le principe est le même mais le foin est entassé sous forme de pyramides. Nous retrouvons ces petits tas dans toute la campagne slovaque, là où il existe de la paysannerie (très peu en plaine donc). A chaque pays ses méthodes. Mais il s'agit d'un stockage temporaire permettant à l'herbe de sécher. Après quelque temps, les paysans viennent ramasser le fourrage pour le mettre sans les granges. Les étés comme cette année, l'herbe a du mal à sécher, et cela doit donner du foin de piètre qualité...

Pour demain, nous essayerons d'avoir une petite étape. Mais le temps n'est pas au beau fixe. Nous ne savons pas où passer la frontière pour rejoindre la Pologne. Nous aurions voulu traverser au niveau du Parc naturel de Pieninski, dont on nous a vanté toute la beauté. Mais notre petite mésaventure en Slovénie nous a appris a passer les frontières sur les grands axes, et non pas en pleine montagne ! Nous demanderons aux gens d'ici, pour savoir si nous pouvons emprunter ces petites routes sans risque de faire demi-tour.

Etape précédente : Bratislava - Trencin                                                           Etape suivante : Liptovska - Zakopane