Tourisme, identité, territoire... Le cas du Cézallier.

La première classe comprend les communes pour lesquelles une seule personne interrogée sur au moins 4 se sentait appartenir au Cézallier. Il s’agit de communes où le sentiment d’appartenance au plateau est faible, mais pas nul.

La deuxième classe correspond à des communes dont les habitants ont un sentiment d’appartenance mitigé. Ce sont dans ces communes où il aurait été intéressant d’avoir un échantillon plus large, pour pouvoir cerner plus précisément le sentiment dominant de la population. Avec un échantillon plus important, ces communes pourraient se retrouver dans la classe précédente, ou la suivante. Globalement, les habitants étaient hésitants à répondre. Ceci montre que l’on peut avoir une identité multiple, on peut être partagé entre différents territoires. Ceci est une caractéristique des marges, où l’on se situe entre deux territoires.

La troisième classe correspond à des communes dont la population se sent majoritairement appartenir au Cézallier, mais pas à l’unanimité. Seule une personne ne se sentait pas appartenir au Cézallier dans chacune de ces communes.

Enfin, la dernière classe compte toutes les communes dans lesquelles toutes les personnes interrogées se sentent appartenir au Cézallier.

Il est évident que si le nombre de personnes interrogées avait été supérieur, les classes auraient été découpées autrement. Cependant, ce découpage permet de prendre du recul avec les résultats obtenus. Il permet de dégager plusieurs éléments quand au sentiment d’appartenance au plateau de la population Cézallierienne ou des bordures.

Le sentiment d’appartenance de la population au plateau devrait permettre de définir précisément ce qu’est le plateau pour ses habitants. C’est tout du moins ce que je pensais avant de commencer ces enquêtes. Dans les faits, les résultats sont assez surprenants. Nous avons encore des limites très floues et indécises (figure 6). L’appartenance au Cézallier ne fait l’unanimité seulement dans 13 communes : St-Anastasie, Molèdes, Landeyrat, Pradiers, Marcenat, Montgreleix, Chanterelle, Espinchal, La Godivelle, St-Alyre-ès-Montagne, Anzat-le-Luguet, Mazoires et Roche-Charles-La-Mayrand. Toutes font partie du Cézallier géographique.

Figure 6 : L’appartenance au Cézallier, commune par commune

A ces 13 communes, nous pouvons rajouter celles pour qui seule une personne ne se sentait pas appartenir au Cézallier. 10 communes sont concernées, dont 4 hors du Cézallier géographique. Les communes d’Ardes-sur-couze, et Condat en font partie. Ces deux gros bourgs (pour le Cézallier) ont donc un fort sentiment d’appartenance au plateau, sans pour autant que ce soit clair pour tous les autochtones. L’identité du Cézallier y est très forte. Ceci s’explique par le fait que ces communes, tout comme Allanche, ont longtemps eu une position stratégique dans la vie économique du plateau. Elles représentaient un nœud d’échanges entre les céréales de la vallée et l’élevage du plateau. Les transactions représentaient d’énormes flux. Ainsi, les habitants étaient tournés vers le plateau, ce qui se répercute sur leur identité.

Seules 6 communes du Cézallier géographique ne font pas partie de ces deux classes. Elles sont situées en bordure, hormis celle de Vèze. Cela démontre une fois de plus la légitimité du Cézallier géographique. Cependant, ce sont de nouveau les commune situées aux extrémités nord et sud qui se détournent de notre Cézallier. Or, ces communes font bel et bien partie du plateau. Seulement elles sont sur ses contreforts, et les habitants sont donc partagés entre d’un côté la vallée, et de l’autre la montagne. Une personne interrogée à ne se sentait pas appartenir au Cézallier, car le paysage ne correspond pas au plateau : « ici il y a plus de forêts, les pentes sont plus raides ». La même personne a ajouté que si elle habitait au lieu dit « Valence », 200 mètres plus haut en altitude et appartenant à la même commune de Peyrusse, elle se sentirait plus appartenir au plateau, du fait du paysage. Nous voyons ici l’importance du paysage dans le sentiment d’appartenance de certains individus, et les conséquences sur le sentiment d’appartenance des communes bordières. Lorsqu’une commune affiche des paysages très variés, comme c’est le cas pour Peyrusse, alors le sentiment d’appartenance à tel ou tel espace dépend du paysage que les habitants voient devant leur porte.

Le plateau du Limon semble vouloir se rattacher à celui du Cézallier. En effet, le paysage est le même, et sa proximité fait de lui une extension du Cézallier. Et pourtant, les habitants de Ségur-les-Villas se disent clairement appartenir au Limon, et non pas au Cézallier. La présence au centre de la commune d’un bar - le bar du Limon - rappelle aux habitants l’existence de ce plateau, et semble jouer un rôle identitaire pour ces personnes. Les communes dont l’appartenance est mitigée, ainsi que celles dont un seul des habitants se sent appartenir au Cézallier, sont limitrophes au plateau géographique. Ici, les habitants sont partagés entre deux territoires : le Cézallier d’une part et le Limon, le Pays de Gentiane, l’Artense, le Sancy, le Lembron ou la Vallée de l’Allagnon d’autre part.

L’analyse de la figure 6 montre que même si les limites apparaissent moins floues que pour la perception du Cézallier global, elles sont cependant loin d’être unanimes. Certaines communes, notamment en bordure, ne font pas partie du Cézallier pour l’ensemble des habitants. Le territoire est difficilement délimité par ces derniers ; leur sentiment d’appartenance n’est pas plus facile à déterminer. Les habitants le connaissent mal et éprouvent des difficultés à se positionner par rapport à ce territoire. Alors que la délimitation est floue, la représentation qu’ils en ont peut être plus précise et commune. Il nous faut maintenant déterminer les composantes de l’identité du Cézallier et voir si elles sont partagées par ses habitants.

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